Une lignée Lefèvre bordelaise prenant racine en Eure-et-Loir

De l’intérêt de l’étude des lignées agnatiques

Pour ce deuxième billet de ma série « Lignées agnatiques », je présente un travail encore en cours, l’origine d’une lignée de Lefèvre de Bordeaux. Si vous comparez avec le travail sur la lignée Bax, vous verrez qu’il y a encore pas mal de lacunes notamment sur les dates de décès et les données sur les épouses. Je travaille sur les Lefèvre depuis quelque temps mais surtout sur leur lignée maternelle, quartier par quartier, génération par génération. Là, j’ai voulu aller le plus loin possible le plus rapidement possible, en passant à la génération précédente dès que j’avais suffisamment d’information pour travailler dessus. Il y a plusieurs avantages à cette approche : il y a la satisfaction pour le généalogiste de remonter rapidement dans les siècles, de commune en commune (à l’opposé, quand on travaille sur une généalogie descendante, on épluche le plus souvent des registres d’une même commune décennie par décennie avec l’impression de faire du « sur place ») et il y a aussi la satisfaction de parvenir au bout du bout, dans le registre le plus ancien. La généalogie, c’est sans fin, on peut facilement se disperser avec le travail sur les fratries, la généalogie descendante, la généalogie d’une branche alliée. Remonter une lignée, c’est une façon de se focaliser, de « se cadrer » en s’imposant un itinéraire et en sachant qu’il y a une limite. L’autre avantage pour ceux qui, comme moi, aiment travailler sur les généalogies descendantes, c’est d’identifier les patronymes des épouses et de s’y sensibiliser. Quand viendra le temps de faire des relevés sans a priori sur des patronymes, travailler sur ces anciens patronymes permettra parfois de trouver des branches isolées et de résoudre des lacunes.

Voilà donc pour l’heure le premier résultat obtenu sur une lignée Lefèvre sur laquelle je travaille :

Lignée agnatique des Lefèvre de Bordeaux

Louis Lefèvre (1658-1694)
& Jeanne Goyer (?-?)

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Louis Lefèvre (1686-1775)
& 1712 Marie Lefèvre (?-?)

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Noël Lefèvre (1722-1786)
& 1758 Françoise Pelletier (?-?)

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Noël Lefèvre (1761-1828)
& 1788 Marie Egyptienne Asse (?-?)

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Noël Lefèvre (1804-?)
& 1827 Marie Elisabeth Hussard (1808-?)

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Alexis Lefèvre (1835-?), veuf de Rosalie Mesté
& 1902 Marie-Louise Mattaclin (1872-?)

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Louis Henri Francis Lefèvre (1905-1975)
& 1931 Marguerite Maze (1911-?), remarié avec Denise Julia Delphine Lefebvre

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Georges Jean Adolf Lefèvre (1931-1983)
& (confidentiel)

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Mère du requérant

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Requérant

Tableau récapitulatif des actes et des sources disponibles

SOSA Individu Profession Date naissance Lieu naissance Acte Epouse Date mariage Lieu mariage Acte Date décès Lieu décès Acte
6 Georges Jean Adolf LEFEVRE Maréchal des logis, Employé de mairie 14 juillet 1931 Bordeaux   confidentiel    31 décembre 1983 Artigues-près-Bordeaux  
12  Louis Henri Francis LEFEVRE  Boulanger de marine (sur le France)  24 avril 1905  Pessac     Marguerite Maze 4 avril 1931 Bordeaux [5] 12 avril 1975  Villejuif  [6] 
(Denise Julia Delphine LEFEBVRE) 8 novembre 1937 Le Havre  
24  Alexis LEFEVRE  Mouleur en métaux, Négociant en chevaux  21 février 1835  Charpont  [7] (Rosalie MESTE) 25 juin 1864 Bordeaux [8a], [8b]
après 1907       
Marie-Louise MATTACLIN 10 avril 1902 Pessac  
48 Noël LEFEVRE Vigneron, Journalier, Indigent 2 avril 1804 Charpont [10] Marie Elisabeth HUSSARD 29 mai 1827 Ecluzelles [11] entre 1876 et 1902    
96 Noël LEFEVRE Vigneron 2 juillet 1761 Charpont [13] Marie Egypte ASSE 8 avril 1788 Charpont [14] 10 juillet 1828 Charpont [15]
192 Noël LEFEVRE
Vigneron vers 1722     Françoise PELLETIER 3 octobre 1758 Charpont [17] 1 juin 1786 Charpont [18]
384 Louis LEFEVRE
  vers 1686     Marie LEFEVRE 14 janvier 1712 Charpont [20] 21 novembre 1775 Charpont [21]
768 Louis LEFEVRE
  vers 1658     Jeanne GOYER       1 décembre 1694 Villemeux-sur-Eure [24]

J’ai rapidement pu rejoindre les travaux d’autre généalogistes sur Geneanet et vérifier leurs trouvailles. Il m’a fallut être prudent parce qu’il y a quelques sources de confusion : en parallèle de Marie Egypte Asse, on trouve une Marie Egyptasse qui est probablement la même personne remariée mais il faut bétonner le dossier avant de fusionner les individus. De même, il y a deux Louis Lefèvre décédés à peu près à la même époque à Villemeux-sur-Eure et presque au même âge, il a fallut être prudent pour discerner quel Lefèvre concernait la lignée qui m’intéresse.

La difficulté de cette lignée, c’est de trouver l’origine des premiers Lefèvre, je n’ai pas trouvé leur trace (leurs actes de naissance ou actes de mariage) ni à Charpont ni à Villemeux-sur-Eure ni au Boullay-Mivoye comme le suggère un acte. Il y a pourtant une trace de Lefèvre à Villemeux-sur-Eure mais visiblement, plusieurs curés officiaient dans les deux paroisses de cette commune et l’un des deux ne donnait pas suffisamment d’information. Arrivé à ce stade, il faut redescendre dans la chronologie et travailler sur les fratries pour trouver des informations sur les collatéraux (les témoins des mariages, les parrains/marraines). Et si ça ne fonctionne pas, il faut prendre son mal en patience et faire la méthode de l’escargot.

Lefèvre, Lefebvre, Lefebure, … ?

Sans surprise, la graphie du patronyme commence à varier au fur et à mesure qu’on remonte dans le temps. L’accent disparait comme ça arrive pour tous les patronymes puis Lefèvre devient Lefebvre, Lefebure, Lefeuvre voire Lefeuve selon les actes. Lequel choisir ? Un usage veut qu’on prenne la graphie de l’acte de mariage : si l’individu concerné sait écrire, c’est à ce moment qu’il est le plus susceptible de déclarer la version mieux orthographiée de ses nom et prénom. Dans notre cas, il y a trop de variantes, il y a même des actes où il y a plusieurs orthographes avec deux oncles qui signent différemment de leur neveu qui orthographie différemment de l’officiel d’état-civil (ou du curé). Du coup, je garde le plus souvent « Lefèvre » quand l’orthographe varie trop au cours des différents actes.

D’Eure-et-Loir à Bordeaux : fuir la misère ou un foyer invivable ?

Eglise Saint-Hilaire de Charpont

Eglise Saint-Hilaire de Charpont

Pour compléter le tableau et notamment tenter de trouver l’acte de décès de Noël Lefèvre 3ème du nom, j’ai eu l’occasion de fouiller dans les archives de recensement de Charpont au XIXe siècle. Au fil des décennies, on comprend un peu le basculement de cette branche qui, de Charpont en Eure-et-Loire, va s’établir en Gironde : Noël et Marie Lefèvre devaient être une famille de vigneron plutôt modeste. Ce qui me permet de dire ça, c’est de voir les enfants du foyer quitter la maison une fois qu’ils avaient une dizaine d’années. Peut-être des décès mais pas seulement puisqu’au moins deux d’entre eux ont donné une descendance (Alexis et Alphonse Lefèvre). Probablement un placement dans un autre foyer, dans une exploitation agricole ou un autre lieu de travail. En plus de ses enfants, Marie est aussi nourrice à au moins deux occasions, d’enfants qui ne portent pas le même patronyme (ni Lefèvre ni Hussard). Probablement un moyen pour arrondir ses fins de mois plutôt que pour aider un membre de la famille. Enfin, une épreuve achève de montrer l’absence de ressources propres de la famille puisque Marie décède dans les années 1850 (entre 1851 et 1856) laissant son époux Noël seul avec un fils de 6 ans. Lors des recensement suivants, Noël n’est plus vigneron mais journalier. Puis le petit Jules disparait du foyer entre 11 et 15 ans laissant son père qui devient un « indigent » et disparait entre 1876 et 1902. Les enfants du couple Noël Lefèvre et Marie Hussard ont donc tenté leur chance comme ils l’ont pu : Alphonse Lefèvre s’est établi dans la commune voisine d’Ouerre et à l’époque où Noël Lefèvre vit dans le dénuement, Alexis Lefèvre, le SOSA 24 du requérant, fonde durablement un foyer à Bordeaux puisqu’au moins une branche de ses descendants y vivent encore.

Possibilités de cousinage

Je n’ai rien trouvé sur le site de FranceGenWeb Cousin 28. En revanche, il y a pas mal de gens qui reprenne des données généalogiques relatives aux Lefèvre de Charpont et de Villemeux-sur-Eure. Parmi ceux-ci, il y a Jean Buisson dont les ancêtres communs les plus récents sont Noël Lefèvre et Marie Egypte Asse. Notons aussi le gros travail de recherche de Marie-Christine Le Huen Monnier dont une branche s’est alliée avec celle d’Alphonse Lefèvre.

Au cours de mes recherches sur Bordeaux (la seconde moitié du XIXe siècle), j’ai pu noter qu’il y avait très peu de Lefèvre. Seulement 7 naissances Lefèvre de 1864 à 1902 sur Bordeaux et Caudéran dont deux enfants d’Alexis Lefèvre et Rosalie Mesté et un enfant d’un certain Jules Lefèvre de Bordeaux du même âge que le Jules Lefèvre de Charpont. Je me doute que durant le XXe siècle les migrations de cette grande ville portuaire ont changé la donne mais j’en viens quand même à penser qu’un Lefèvre ayant des racines bordelaises a des probabilités non négligeables de cousiner avec la branche Lefèvre sur laquelle j’ai travaillé. Si c’est votre cas, faites moi signe.

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