« Combattant de la France libre » de Jean-Mathieu Boris et « Une vie pour l’impossible » de Christine Jordis

Un billet que je ne pouvais me permettre de ne pas rédiger : depuis que j’ai publié sur ce blog ma fiche de lecture sur le livre de Maja Destrem : « Les Commandos de France, volontaires au béret bleu », cette page est devenue un lieu de rencontre pour ceux qui cherchent des informations sur ce régiment de la seconde guerre mondiale, un lieu de passage vers le forum du 1er bataillon de choc qui n’est que très partiellement indexé sur les moteurs de recherche. Il y a désormais la page Wikipedia qui a été complétée ces derniers mois, en grande partie grâce aux membres de la communauté du forum du bataillon de choc pré-cité. Toujours est-il que mon blog, plus particulièrement mon billet sur le livre de Mme Destrem, reste quand même un point d’entrée non négligeable. Je pense à long terme rédiger une page qui ferait office de portail vers toutes les ressources du net faisant référence aux Commandos de France mais en attendant, je vais m’efforcer de faire un retour sur toutes mes lectures à propos des Commandos de France (puis plus tard des Évadés de France).

« Combattant de la France libre » de Jean-Mathieu BORIS

Photo d'une offensive de la Légion étrangère pendant la bataille de Bir Hakeim en 1942

Une offensive de la Légion Étrangère pendant la Bataille de Bir Hakeim (Libye) en 1942.

Critique hautement subjective : mon grand-père ayant été Commando de France, sous les ordres de M. Boris, ce livre est pour moi un « must-have », un des rares témoignages de ces combattants qui n’étaient pas nécessairement affiliés à De Gaulle. Renseignez vous sur le Régiment de Choc qui, au fil du temps, a regroupé le 1er Bataillon de Choc, les Commandos de France, le Bataillon Janson-Desailly, etc. Mais c’est aussi pour cette raison (le lien familial avec les CdF) que j’ai aussi peut-être d’autres attentes…

Avec d’autres témoignages de ce type (je pense au récent « Une vie pour l’impossible » de Christine Jordis dont je parlerai ici, aux « Commandos de France […] » de Maja Destrem, qui n’est plus édité. Il y en a d’autres que j’essaierai de trouver), ce livre comble une lacune à propos de la libération de la France, à propos des combats menés par les français après la défaite de 1940. On parle souvent de la Résistance (des FFI), du débarquement de Normandie (et des français qui ont été parachutés) mais l’Histoire est en partie écrite par les vainqueurs et, certains faits ont semble-t-il été occultés de la mémoire collective au fil des années (les perdants n’étant pas seulement allemands). le combat de M. Boris et des Commandos de France, entre autres, font partie de ces oubliés de l’Histoire.
Revenons à cet ouvrage, si j’ai un discours militant, ce n’est pas le cas de Jean-Mathieu Boris, c’est en tout cas ce que j’ai ressenti. D’une part parce que ces mémoires relatent sa propre histoire personnelle et parce que le parcours militaire de Jean-Mathieu Boris me semble avoir finalement été assez « éclectique » : fuite de la France vers le Royaume-Uni, ralliement aux forces alliées en Afrique du Nord avec le point d’orgue qu’est la bataille de Bir Hakeim puis bon an, mal an, arrivée au sein des Commandos de France qui participeront à l’expulsion des allemands de l’Est de la France.
Le seul reproche que j’aurais à propos de ce livre, c’est justement le fait que ce soit un témoignage individuel, un récit pour sa jeunesse à ses petits-enfants : il y a finalement assez peu d’interactions avec ceux qui ont vécu les mêmes évènements et très souvent avec des officiers, pas la troupe. Est-ce dû au fait que M. Boris était un élève-officier puis officier qu’il y avait une distance avec les troupes (et donc moins à en dire) ? A côté de ce témoignage, j’ai ouï dire que les gars qui faisaient partie de ces bataillons de choc, de ces commandos, étaient très soudés, même des décennies après la fin de la guerre : « l’esprit des commandos » comme ils l’appellent. Je ne l’ai pas ressenti ici (contrairement au livre de Maja Destrem qui pourtant n’a fait « que » retranscrire les témoignages des autres). Est-ce de la pudeur ?
Peu de temps après ma lecture de Combattant de la France Libre de Jean-Mathieu Boris, une personne intervenait dans les commentaires de mon précédent billet (sur le livre de Maja Destrem) pour me signaler la publication d’une autre biographie portant en partie sur les Commandos de France. Voici mon ressenti  (initialement publié sur un autre site) après sa lecture :

« Une vie pour l’impossible » de Christine Jordis

Photo du Monte Cassino (Italie) après la bataille de 1944

Ruines de la ville de Cassino et de l’abbaye du Mont-Cassin pendant la Bataille de Monte Cassino (Italie) en 1944

Je me suis procuré ce livre parce que Henri de Foucaucourt fut le commandant des Commandos de France, ce que fut aussi mon aïeul François Guiraud pendant la seconde guerre mondiale (commando, pas commandant). Traquant le fantôme de mon grand-père, à la recherche du moindre témoignage de sa jeunesse pendant cette période trouble, j’essaie de lire tout ce qui peut potentiellement m’apprendre quelque chose à ce sujet. On m’avait prévenu que les allusions aux Commandos de France allaient être légères et que j’allais être déçu. Certes le passage de Henri de Foucaucourt dans les Commandos a été brièvement abordé mais je ne suis pas déçu pour autant : dans ce genre d’ouvrage, je cherche avant toute autre chose à apprendre plutôt qu’à rêver ou m’évader comme lorsque je lis de la science-fiction ou de la fantasy. En l’occurrence, j’ai beaucoup appris : sur l’Afrique du Nord pendant et avant la seconde guerre mondiale ou encore sur la bataille du mont Cassino en Italie (cf photo) pour ne citer que ça. De la sérendipité littéraire en quelque sorte…

Mais je n’ai pas fait qu’apprendre quelque histoire, cette personne fut vraisemblablement quelqu’un d’extraordinaire à laquelle je n’ai fait que tenter de me mesurer au fur et à mesure de ma lecture. Un éternel insatisfait, qui a la Bougeotte avec un « B majuscule », qui se donne les moyens de fuir la monotonie métropolitaine. Étrangement, je ne le jalouse pas, je suis très casanier, j’ai parfois besoin d’un oxygène (O2) que je ne vais pas chercher, par flemmardise, mais je sais aussi que j’ai tendance à voyager dans mon jardin, par la fenêtre… Je n’aurais pas envie de m’évader tant que je ne connaitrais pas par cœur toutes les briques de ma rue, toutes les branches du parc d’à côté. Mais je ne dis pas ça pour parler de moi mais pour dire que cette biographie et la vie de cet homme semble nous mener immanquablement à nous interroger sur le cours de notre existence.
Je l’ai ouvert pour en apprendre plus sur mon passé (ou celui de mon ancêtre) et j’en ai finalement appris plus sur mon présent et mes aspirations.

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